Intervention Marc Peyrade, secrétaire général FILPAC CGT concernant rapport Cardoso

Publié le par CGT Voix du Nord

Le Secrétaire général de la Filpac s’exprime dans l’Humanité sur le rapport Cardoso

Main basse sur les aides à la presse

Grosse colère à l’Elysée : l’homme tempête, rage, s’emporte. On l’entend d’ici : « C’est quoi, cette presse asthmatique qui me critique ? Manque pas d’air ! Je vais leur en donner, moi, de l’oxygène. » C’est dit, c’est décidé, c’est fait : comme on lâche les chiens sur la bête, la présidence envoie Aldo Cardoso s’occuper de la liberté de la presse et de son pluralisme.

Cardoso ? Un cador de l’audit international, un expert de la mondialisation libérale. Ce géant, donc, rédige un rapport pour mater la presse sans être vu : on ne touche ni aux textes de la république ni à la garantie constitutionnelle du pluralisme, on passe par le marché. Frédéric Mitterrand, ministre de la Communication, en livra le mode d’emploi au dîner de la presse de la Fête de l’Humanité, devant tous les acteurs de la presse. Comment ?

L’arme fatale, c’est annexer toutes les aides à la presse écrite dans un fonds unique qui serait géré par le seul gouvernement. Les aides seraient distribuées selon les critères économiques libéraux, seuls les titres rentables seraient aidés ! Un bouclier fiscal étendu aux riches éditeurs.

La première des aides remonte à la Révolution française, quand la Convention décida de tarifs postaux avantageux pour les éditeurs de ces idées et opinions que la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen rendit libres. Les dernières aides en date remontent à… 2009, favorisant la livraison des journaux au domicile du lecteur (le portage) et soutenant la création éditoriale sur Internet. Médiapart en bénéficie, parmi d’autres.

Main basse sur les aides : le dispositif est simple, l’idée rudimentaire, et elle s’applique dès maintenant ! Le gouvernement juge les patrons de presse défaillants, il prend leur place, constitue un état major de relève pour assurer les tâches de concentration, numérisation, réduction des coûts, dans le but déclaré de construire un ou deux « champions nationaux de taille internationale ».

A commencer par la distribution des quotidiens et magazines. Les Nouvelles Messageries de la presse parisienne sont rebaptisées Presstalis pour mieux disparaître sous l’impératif du dogme : la distribution de la presse doit être rentable ! Avant elle était solidaire, tout éditeur bénéficiait d’un réseau national où son titre pouvait être livré, selon un tarif proportionné à ses capacités financières. Après, chaque éditeur, seul, devra se payer le service. Si tu n’as pas les moyens, tu dégages.

L’hiver a déjà commencé. Déjà des zones de distribution non rentables ne sont plus assurées. Resteront les Bolloré, Crédit Mutuel, Dassault au coeur des grandes villes. Comme les gratuits. Quant à l’emploi des salariés de la distribution tout comme ceux des rédactions déjà rudement comprimées et précarisées ? A Paris comme en province des centaines d’emplois sont en jeu en ce moment même. Devraient suivre les imprimeries. Non pas parce que le papier imprimé est dépassé par Internet. Non, il s’agit de retirer aux éditeurs les moyens de leur impression, c’est-à-dire de leur indépendance. Le gouvernement met au point un plan de mutualisation des imprimeries de presse nationale, régionale et de Labeur pour concentrer le tout, et livrer clé en main le nouveau dispositif industriel aux éditeurs de presse rescapés.

Et puis serait rédigée une « convention » entre le gouvernement et l’éditeur de presse, qui recevrait des aides limitées à 5 ans moyennant un engagement à réduire les coûts, investir pour rentabiliser. Autrement dit, adopter les normes comptables en vigueur au FMI. Et ça urge, le plan Cardoso commencerait dès 2011. En 2012, tout doit être en place, devinez pourquoi.

Voilà qui appelle une ample et puissante riposte démocratique. Ce à quoi la Filpac CGT appelle, en émettant cet avis de tempête.

 

Pour la Filpac CGT Marc Peyrade, secrétaire général.

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