PATRONS SANS FRONTIERES EN PQR (communiqué SNJ CGT)

Publié le par CGT Voix du Nord

Le groupe belge Rossel (dont fait partie le Courrier picard, via le groupe La Voix) vient d’annoncer la reprise du pôle Champagne, Ardennes et Picarde (CAP) du Groupe Hersant Médias (GHM), soit quatre titres : L’Union de Reims, L’Ardennais, L’Aisne Nouvelle, Libération-Champagne et Est-Eclair et une radio, Champagne FM, pour un total de 600 000 lecteurs quotidiens et 140 000 exemplaires.

Le Groupe Hersant Médias prétend être en difficulté et se désengage de la France ;  Philippe Hersant a assuré ses arrières pour s’installer en Suisse et y créer un petit empire très rentable. Le groupe Rossel, lui, était à l’étroit en Belgique et étend son « espace vital » en France, vers le sud, après avoir pris le contrôle du groupe de la Voix du Nord, aidé en cela par le Crédit agricole. Avec ses titres en Belgique, il a réussi à dégager suffisamment de liquidités pour, à la fois, rémunérer ses actionnaires et se lancer dans une politique expansionniste.

L’intérêt de banques comme le Crédit Agricole et le Crédit Mutuel investissant dans les quotidiens régionaux est une autre preuve que le support papier peut encore satisfaire les appétits des milieux financiers.

Dans un communiqué publié vendredi à Bruxelles, Bernard Marchant, administrateur délégué du groupe Rossel, qui édite Le Soir, les quotidiens régionaux Sud Presse (La Capitale, La Meuse, la Nouvelle Gazette) en plus de participations dans L’Echo, a reconnu que le pôle CAP du groupe Hersant « est remarquable par le taux de pénétration que ses journaux ont avec le temps réussi à atteindre dans leurs territoires ». Le pôle CAP est donc juteux (d’où son intérêt) : « Le groupe Rossel a été convaincu par la valeur intrinsèque de ces différents titres », a ajouté son patron.

Mais le patron de Rossel décoche un coup de pied de l’âne à Philippe Hersant en déclarant : « Le pôle CAP a particulièrement souffert ces dernières années d’avoir été dimensionné en fonction d’activités de presse gratuite que son pôle sœur Comareg devait lui apporter. » Quel aveu : au détour d’un communiqué, le groupe belge apporte la preuve que le groupe Hersant a mélangé les genres !

Les salariés peuvent s’attendre à des jours difficiles ;  le groupe Rossel (et le Crédit Agricole) entend accélérer les retours sur investissement. Le patron belge souhaite en effet « redimensionner les équipes aux réalités nouvelles du marché ». On sait ce que cela signifie en langage patronal, qu’il soit français ou belge.

Cet épisode, après le rachat du groupe de la Voix du Nord par le même groupe Rossel, la fuite d’Hersant en Suisse, l’intérêt du Qatar pour le groupe Lagardère et bien d‘autres, vient prouver à l’envi que les patrons ne connaissent pas les frontières. Comme M. Bernard Arnault (patron, lui aussi, d’un groupe de presse, avec Les Echos notamment).

Pour le SNJ-CGT, la presse quotidienne française vaut mieux que ce mauvais jeu de Monopoly auquel se prêtent les patrons avec l’aide des banques.

Le syndicat sera particulièrement attentif à ce que ce rachat du pôle CAP ne soit pas l’occasion d’une nouvelle saignée dans les effectifs et que les économies d’échelle ne soient pas l’occasion de remettre en cause la qualité de l’information.

bureau national du SNJ-CGT, Montreuil, le 22 octobre 2012

Publié dans ROSSEL

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