« La Voix du Nord », le laboratoire tête de pont (Source les échos)
En dix ans, Rossel a élargi l’assise du quotidien nordiste, dont il a fait le fer de lance de ses activités françaises.
Rossel ? C’est un « actionnaire intéressant », sourit Jacques Hardoin. Le directeur général du groupe Voix du Nord est aux premières loges pour observer la méthode belge. « L’actionnaire privilégie une action à moyen-long terme : il développe son fonds de commerce et ne cherche pas la rentabilité immédiate. Il réinjecte quasiment tout dans ses sociétés », note-t-il. Un peu comme la famille Mulliez (Auchan, Décathlon, etc.), bien connue dans le Nord.
La preuve par « La Voix ». Quand Rossel achète en 2005 le titre à la Socpresse, il pèse 170 millions d’euros. Dix ans plus tard, il affiche 265 millions sur la balance, un résultat opérationnel épais de 21 millions et 700 journalistes, autant qu’à Radio France. « Non seulement Rossel investit en rachetant, mais il le fait aussi après dans les entreprises rachetées », souligne Jacques Hardoin.
En 2008, 40 millions ont été injectés dans l’imprimerie (avec une grosse subvention au passage), et 20 millions dans un plan de départs. « Cela nous a permis d’être compétitifs. Nos journaux sortent aujourd’hui à l’un des prix les plus bas du marché », soutient-il. C’était une condition sine qua non, à entendre Bernard Marchant. « Avant de décider d’aller sur La Voix du Nord, nous avions vérifié qu’une fois l’imprimerie rénovée, elle pourrait avoir le même rendement qu’en Belgique », raconte le dirigeant. Le seul moyen d’avoir « l’oxygène » nécessaire pour investir sur le numérique. En 2013 et 2014, 7 millions ont été dépensés pour mettre à jour le système éditorial : « La Voix », c’est désormais 28.000 abonnés Web pour 230.000 abonnés papier... « Avec notre outil industriel, on peut mettre 80 % de notre cash-flow groupe sur le numérique », précise Bernard Marchant. De proie, « La Voix » devient prédateur, avalant « Le Courier Picard » en 2008, « L’Union » et « Est-Eclair » en 2012, et y instaurant des synergies commerciales et rédactionnelles. Depuis, Rossel a investi dans la télévision locale (Weo), racheté des radios (Contact, Champagne et Happy FM). « Plus qu’en 2007, l’actionnaire a la conviction qu’il a des choses à faire en France dans la presse », conclut Jacques Hardoin. Dans la PQR... ou ailleurs.